Hypnose éricksonienne

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Consultant Ressources Humaines, Hypnothérapeute, Coach

dimanche 1 mai 2016

Des outils et des stratégies thérapeutiques pour guérir de nos fantômes familiaux

Des outils et des stratégies thérapeutiques pour guérir de nos fantômes familiaux
1. La prise de conscience.
Lorsqu’ils ont compris ce que ce souvenir familial faisait peser sur leur vie ils s’en sont servis.
Le principal objectif d’une thérapie transgénérationnelle est de revisiter son arbre généalogique et de se mettre en chasse de sa généalogie complète et de son histoire familiale remise dans ses différents contextes.
Le but du thérapeute, travaillant sur le transgénérationnel, sera d’aider son client à identifier les différentes « cryptes », et les différents « fantômes » familiaux.
Grâce à ces prises de conscience le porteur pourra alors se différencier de ses "fantômes" ancestraux et quitter une sorte de télescopage des générations et du temps.
2. Le « Génosociogramme » un outil pour exploiter le sens des évènements familiaux
J’ai donné un sens à ce lien affectif.
Témoignage de Valérie Rosoux, descendante à la cinquième génération
Le « génosociogramme »(20) est surtout connu du grand public depuis les travaux de Anne Ancelin Schutzenberger.
Construire son « génosociogramme » est à la base de toute démarche en thérapie transgénérationnelle et de tout travail visant à exploiter le sens des liens et des transmissions entre générations (Transmissions intergénérationnelles conscientes et transgénérationnelles invisibles et inconscientes).
Un « Génosociogramme » est une sorte d'arbre généalogique fait dans un premier temps de mémoire (c'est à dire sans recherche d'informations et de documents) complété des évènements de vie importants (avec leurs dates et leur liens) et du contexte affectif (qualité de la relation entre les individus  marqués par des flèches ou des traits de couleurs). Ce premier travail effectué, il est alors conseillé d’entreprendre une enquête généalogique systématique sur la famille et son histoire via des documents officiels (registres, actes, etc.) sur un minimum de quatre à sept générations (si possible).
Avec le « génosociogramme », on voit que les traumatismes se retrouvent tout au long d’une histoire, souvent sur plusieurs générations, il permet également de prendre en considération les traumatismes individuels et familiaux liés à l’histoire : exil, guerre,déportation, tremblements de terre, épidémies etc. Cet outil nous aide aussi  à  en évidence les phénomènes de répétition: les accidents, les maladies, les deuils non résolus, les non-dits, les syndromes d’anniversaires (ou syndromes de répétitions), les mythes familiaux, etc..
Utilisant des conventions graphiques sur la famille, il permet d'obtenir une image rapide de modèles familiaux complexes. En cela, il constitue une riche source d'hypothèses sur la manière dont une difficulté psychologique ou psychosomatique peut être reliée au contexte familial. Il donne aussi des clés sur la façon d'envisager l'évolution de cette difficulté. Il est, de ce fait, l'outil privilégié de la psychogénéalogie.
Le génosociogramme, fait prioritairement appel au cerveau droit, qui traite les informations de façon rapide, totale, spatiale et perceptive. Ce mode d'opération, très différent du mode verbal et analytique du cerveau gauche, se caractérise néanmoins par une complexité tout aussi grande: c’est pourquoi la psychanalyse « classique » peut parfois buter et devenir inopérante lorsque des éléments concernant les générations antécédentes aux parents -et donc hors du champ œdipien- sont impliqués dans les symptômes et la souffrance du patient.
3. Retisser la parole et les liens familiaux
L’utilisation d’un « génosociogramme » facilite aussi la parole entre les membres de la famille, y compris les enfants, car partir de questions simples sur des événements importants, enfants et adultes peuvent plus facilement parler de tout. Au fil des séances, la personne va mobiliser sa propre mémoire mais aussi celle des membres de la famille, de façon très naturelle, elle interroge d'abord ses parents et ses grands parents s'ils sont encore vivants mais aussi des cousins, des parents plus éloignés qui possèdent aussi leur vision de cette histoire familiale; toute cette recherche aura pour effet de retisser les liens, souvent aussi d'en créer des nouveaux. La confrontation de différents points de vue est une riche expérience: les entrecroisements de récits avec parfois leur contradictions viennent bousculer des histoires qui semblaient bien installées.
4. Récits de vie et lignes du temps biographiques
La ligne du temps est une démarche intéressante dans le cadre d’une analyse transgénérationnelle car elle permetd’ébaucher des biographiques temporelle dans laquelle se retrouvent les évènements-clés d’une vie référencés le plus précisément possible et synchronisé à d’autres événements individuels ou contextuels (historiques, sociologiques, philosophiques, etc.).
C’est en identifiant ces moments pivots qu’il deviendra possible de mettre en évidence des cycles de vie mais aussiles correspondances datées entre sa propre histoire et celle de ses aïeuls.
Entreront alors en jeu des répétitions de dates , d’évènements, de problématiques, d’accidents… structurées sur plusieurs générations qui constitueront autant de pistes d’investigation.
Cet outil a le grand avantage de permettre au patient de faire le point sur ce à travers quoi il est passé tout au long de son existence, de mettre en évidence les étapes charnières qui ont compté dans sa vie.
La ligne du temps est une belle synthèse qui facilite beaucoup les prises de conscience de ce que nous sommes et des liens visibles et invisibles qui nous lient à nos ancêtres quand nous comparons les évènements de nos vies avec la vie de ceux qui nous ont précédés.
5.La contextualisation des informations
En l'absence de témoignages familiaux directs et de documents précis, le seul moyen d'envisager ce qui s'est réellement passé pour certains personnages « oubliés » est de trouver des informations contextuelles qui émanent de la collectivité et du contexte (historique, sociologique, économique, professionnel, idéologique, etc.), dans lequel nous aïeux ont vécu. Par exemple des documents historiques, géographiques, des récits détaillés de celles et ceux qui ont vécu des situations identiques, etc. Le but de cette collecte d’informations objectives étant de pouvoir se construire une représentation « en creux » des situations et des personnages, sur lesquels nous manquons de témoignages et de documents. Grâce à cette stratégie, la pensée pourra se (re)construire une représentation du personnage ou de l'événement passé en traitant les informations obtenues et élaborer ses propres conclusions.
On se demande quand le traumatisme s’arrêtera ?
Certains rituels symboliques peuvent faciliter la résolution des problèmes de l’arbre familial.
Les rituels nous invitent à apprendre à parler le langage de l’inconscient.
Une psychanalyse progresse donc en transformant les messages qu'envoie l'inconscient en un discours rationnel.
Au lieu d'apprendre à l'inconscient à parler le langage rationnel, les rituels proposent d’apprendre à la raison à utiliser le mode d’expression de l'inconscient qui est composé non seulement de mots, mais aussi d'actes, d'images, de sons, d'odeurs, de saveurs ou de sensations tactiles.
C'est pourquoi les rituels invitent à agir et pas seulement de parler. L'inconscient accepte la réalisation symbolique, métaphorique, pour lui, une photographie ne représente pas quelqu'un, elle est la personne photographiée ; il considère une partie comme le tout (les sorciers réalisent leurs envoûtements sur des cheveux, des ongles ou des morceaux de vêtements de leurs victimes potentielles); il projette les personnes qui peuplent sa mémoire sur des êtres réels ou sur des choses.
Les créateurs du psychodrame se sont rendu compte qu'une personne qui accepte d'interpréter le rôle d'un parent provoque chez le patient des réactions profondes, comme si celui-ci se trouvait devant le personnage réel .
Les images que nous conservons dans notre mémoire sont accompagnées d'une perception de nous-mêmes au moment où nous avons vécu ces expériences.
Les rituels travaillent sur la mémoire; il s’agit de provoquer un changement dans la mémoire, tant dans les images que dans les sensations qui les accompagnent (Pour rappel voir le paragraphe sur l’originaire et la transmission des fantômes par duplication des structures mentales des parents de génération en génération)
Les rituels appliqués aux traumatismes familiaux doivent être crées « sur mesure », et correspondre au caractère et à l'histoire de la personne et de sa famille.
7.Résilience et Thérapie transgénérationnelle
Lorsqu’ils ont compris ce que ce souvenir familial faisait peser sur leur vie ils s’en sont servis.
Popularisé par Boris Cyrulnik (neurologue, psychiatre, éthologue et psychanalyste français) Le terme « résilience » a été emprunté à la physique, et désigne le retour à l’état initial d'un élément déformé ainsi que la capacité des êtres humains de pouvoir réussir à rebondir et à surmonter les épreuves de la vie.
La résilience est donc un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre conscience, (par la réflexion, la parole, par une thérapie ou par une thérapie transgénérationnelle) de l'événement traumatique pour ne plus vivre dans la dépression.
8.La guérison de l’arbre généalogique et le tri du patrimoine psychologique
Je sentirai un élan, comme un coup de pied au derrière, pour aller, pour profiter de cette vie, pour en faire quelque chose de fécond.
Témoignage de Valérie Rosoux, descendante à la cinquième génération
Il en est des biens psychologiques comme des biens matériels qui se transmettent de génération en génération. Autant il est fréquent de renoncer à une succession dont le bilan est négatif ou de refuser un bien matériel dont le cahier des charges est trop lourd, autant il est rare que l'on remette en cause la transmission de traits psychologiques ou de «dettes» familiales.
Et pourtant,un héritage n'est pas une fatalité, au niveau psychologique essentiellement, nous avons un choix à faire de chaque instant, le patrimoine psychologique est lui aussi triable.
L’analyse transgénérationnelle est donc en mesure de nous aider à trier, garder ou refuser ce qui se présente à nous. Si nous ne sommes pas toujours responsables de nos héritages nous sommes seuls responsables de l'interprétation et de la réponse que nous y donnons
Le travail sur l’arbre familial concerne donc non seulement la santé des vivants, mais également celle des «ancêtres mal morts ».
Conclusion :1914/2014 : Un cycle de 100 ans à surveiller
Comme nous l’avons vu, les dates anniversaires sont des signifiants très puissants, nous pouvons donc être fragilisés à la date anniversaire d’un événement traumatisant dans notre famille dont nous n’avons pas toujours une connaissance consciente.
Pour le genre humain les cycles de 100 ans sont très symboliques et doivent être pris en compte dans la compréhension de certains processus psychologiques.
A la veille des commémorations qui se préparent pour le centenaire de la grande guerre il est donc plausible que les « fantômes » de la grande guerre remontent du passé dans les familles où les drames vécus par les aïeux non pas été suffisamment élaborés.
Paradoxalement ce retour des fantômes de 14/18 peut être une opportunité pour aider les familles qui sont toujours actuellement impactées par la violence de histoire.
Il sera donc très important que nous soyons attentifs à la manière dont seront menées et ritualisées ces commémorations pour qu’elles conservent leur fonction essentielle liée au devoir de mémoire mais aussi leur fonction indispensable de symbolisation, de réparation et même de guérison de deuils individuels et collectifs parfois inachevés depuis plusieurs générations.
Pierre Ramaut

L'auteur de cet article
Pierre Ramaut est psychanalyste à Mons en Belgique. Il est le fondateur du site Généasens et de Commemoria. Il anime des ateliers d’analyse transgénérationnelle et des stages dans le désert et en montagne "Marcher pour Progresser" et "Découvertes en terres chamanes"
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